•    
    Christian Segonne : http://www.nature-photo.fr

     

    L'acte fondateur pourrait être celui-là.

    Alors qu'il avait à peine deux ans, Olivier (le prénom n'a pas été changé et pourquoi, d'ailleurs, tu voudrais que je le change ?) a vécu une scène traumatisante.

    Lors d'un barbecue, un proche de la famille lui a arraché son doudou des mains,  un lapin blanc en peluche, et l'a découpé en lanières avec le couteau à viande.
    Il a balancé le tas informe dans les braises et a retiré les bouts de doudou carbonisés qu'il a mélangés avec du verre pilé.

    Il a ensuite forcé le labrador de la maison à tout bouffer. Ce dernier est mort dans des souffrances abominables.

    Sous les yeux de l'enfant.

    Pour finir, cet homme infâme a humilié le papa d'Olivier en gagnant les 2 parties de pétanque sur le score de 13-2 et 13-1.

    Je suppute. A donf, que je suppute.

    Sinon,  comment expliquer autrement, Armand, le triste destin qui est celui d'Olivier S., apprenti tueur en série  ?

    Olivier a un peu plus de 15 ans (merci Michelle, pour l'info !) et crèche en Seine-Maritime.
    Cela fait 3 ans que Taupette, c'est son surnom  chou, a la passion du piégeage.

    « J'ai commencé avec les taupes » explique t-il ; « ça m'est venu comme ça, j'ai demandé à ma mère de m'acheter des pièges à taupes et j'ai essayé . »
    Au début, Taupette a un peu galéré car les bestioles étaient rétives à se laisser prendre par cet adolescent qui  a donc abandonné l'idée de se tirer sur la nouille, comme un ado normalement constitué, pour faire le choix de donner la mort.

    « Ce genre de passion n'est vraiment pas courant chez un jeune de cet âge », confirme un technicien à la Fédération départementale des chasseurs de Seine-Maritime à Belleville-en-Caux.

    Aujourd'hui, Taupette est rouge de plaisir quand il présente son tableau de chasse : plus de trois cents taupes, une vingtaine de renards, des corneilles, des pies, des ragondins etc.
    Car cet attardé a eu la passion du renard et a été obligé de suivre une formation de piégeur agréé.

    Muni de ce précieux viatique, il peut désormais passer pour l'ennemi absolu de l'animal puisqu'il vient en plus d'obtenir son BEPA élevage de gibier avant d'intégrer, à la rentrée, un lycée agricole.

     

     


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  • L'animal.

    Stock inépuisable parce que entièrement fabriqué et artificiellement alimenté, son exploitation est par le fait prise dans une spirale sans fin.

    Inventer sans cesse de nouveaux produits dans des domaines apparemment aussi divers que la mode, le goût, le médicament et le jeu, multiplier les combinaisons, imaginer les utilisations toujours plus nombreuses de son corps, un accroissement toujours plus étendu de son organisme, tel est le programme où se fomente la réduction de l'animal à un fonds.

    Ces usages sociaux  constituent la part maudite d'une négociation culturelle dans laquelle nous affirmons notre différence.

    Plus les activités qui utilisent l'animal sont gratuites et plus les bénéfices qui en sont issus relèvent du luxe et de l'inutilité, plus ils portent la marque du culturel-argument qui fonctionne comme légitimation dernière de cette dilapidation.

    On pourrait dire que l'homme se comporte à l'égard de l'animal comme un parvenu.

    Florence Burgat – Animal, mon prochain – Editions Odile Jacob.


     

     


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  •   

    Qui, dans ce monde, ignore les méfaits du tabac ?
    Qui, qu'il soit fumeur invétéré, non-fumeur de longue date, adolescent, femme enceinte, ne sait pas que les effets de la nicotine sur la santé sont néfastes ?
    Qui n'a pas lu, vu, entendu, parfois avec agacement, les  avertissements sans faiblesse des fabricants de cigarettes : « Fumer tue » , « Fumer nuit gravement à la santé » ?
     
    Qui ne sera donc pas étonné, douloureusement, avec la rage au cœur, d'apprendre que  les recherches médicales conduites sur les animaux relativement aux effets du tabagisme actif et passif sont plus vigoureuses que jamais ?
     
    Aux Etats-Unis, depuis 2002, ce sont 16,5 millions de dollars qui ont été dépensés par le NIH (National Institutes of Health) pour effectuer des expériences sur des femelles gestantes et des nouveaux-nés.
    Et ce n'est qu'une toute petite partie des investissements réalisés par les labos sur le sujet des conséquences du tabagisme.
    Nous parlons bien ici, exclusivement, des effets de la nicotine sur le métabolisme de la future mère et sur le développement du fœtus.
     
    Ainsi, David Mendelowitz, par ailleurs vétéran de l'expérimentation animale à la fac de médecine de Georgetown,  doit prendre un  certain plaisir à poser des cathéters et des pompes intraveineuses de nicotine concentrée sur des rates pleines puis à attendre la naissance des ratons pour les disséquer et vérifier enfin, devant le monde ébahi, que la nicotine à haute dose altère sensiblement le développement embryonnaire. 

    Ainsi, Elliot Spindel, du département santé et sciences de la vie de l'université de l'Orégon, aime t-il implanter chirurgicalement des pompes à nicotine dans la colonne vertébrale de femelles chimpanzés gravides pour constater ensuite , après dissection des membres inférieurs des bébés, que non, la nicotine, c'est pas bon pour le développement harmonieux du fœtus.
    Elliot  Spindel, la nicotine et les animaux de laboratoire, c'est une vieille histoire : il a commencé son sale boulot en 1992 .

    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>Ainsi Kent Pinkerton, de l'université de Californie (Davis), expose t-il avec satisfaction des femelles rhésus pleines à la fumée de la cigarette en les enfermant dans une chambre spécialement construite.
    Elle inhalent de force, massivement,  6 heures par jour pendant 5 jours, de la fumée de notre bonne vieille clope.
    Dès que les nouveaux-nés rhésus atteignent 10 semaines, ils sont tués par injection et les membres inférieurs sont disséqués.
     
    Et je pourrais te parler d'Ursula Winzer-Serhan (université A&M du Texas)  qui donne des pâtées spéciales à des bébés souris (elles contiennent en nicotine l'équivalent de 3 paquets de cigarettes) ; car Ursula se demande si l'abus de tabac n'a pas des conséquences fâcheuses sur les voies orales. 

    Bien sûr , je ne saurai oublier l'étonnant Paul R. Pentel, de l'université du Minnesota, qui a reçu en 2005 une récompense de 155000 dollars pour ses travaux sur les effets de la nicotine (il a publié son 1er article en 1994).
    Ses travaux et son invention ! Oui... Paul R.Pentel a mis au point un ingénieux système qui permet d'exposer directement, sans gâchis, les animaux de laboratoire à la fumée de cigarette.

     


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  • Je vais te raconter une histoire.

    Tout est vrai, jusqu'aux noms et lieux.

    En conclusion, si tu le veux, je t'infligerai un (très) court propos sur un stade du développement psychologique infantile, ce que les spécialistes appellent le sadisme anal. Tu n'es pas obligé(e) de tout lire.
    Cette histoire se suffit à elle-même, elle est source de réflexion, de perplexité bien sûr. Ce que je te propose, c'est en quelque sorte du bonus.

    Canada. Québec.Grand Lac Saint François (Thetford Mines). Août 2008.
                
    Comme tous les ans, ils s'apprêtaient à renouveler la tradition. Celle du Thetford chicken massacre.

    Combien d'invités (triés sur le volet) cette fois ci ? 80 ? 105 ?  On verra bien, le succès sera de toute façon au rendez-vous.
    La date du 31 avait été choisie.

    Encore du fun, une bonne partie de rigolade en perspective, top délire, le fric mis en jeu apparaissant somme toute comme accessoire.

    De quoi s'agit-il ?

    Il faut tracer un damier sur l'herbe (ou le sol). Chaque carré du damier est vendu aux enchères. Chaque invité est donc propriétaire d'un carré. La cagnotte ainsi réunie ira au vainqueur d'un curieux loto.

    Trois poulets (ou des dindes) sont amenés. On leur coupe le cou avec une hache sur un billot.
    Les bestioles décapitées sont jetées sur le damier et s'agitent, tressaillent, corps grotesques, pour expirer enfin sur l'une des cases de la figure maudite.

    L'acheteur de cette case ramasse la mise.

    Ce sont les 3 fils d'un  médecin, le docteur Gaston Dorval, qui ont eu l'idée de cette fête. Car après cette loterie, c'est beuverie et compagnie.

    Cette année, quelques associations de protection animale (dont PETA) ont réussi à faire interdire cette sauterie ignoble.

    Le très jeune enfant un est 'inconscient vivant'. Il cherche à imposer sa vie. Pour ce faire, il laisse aller ses instincts.
    Tout le monde est passé par là. Toi, moi.
    La pulsion qui le dirige le plus fortement, c'est la pulsion d'emprise. Pour assurer son équilibre, son plaisir, il doit posséder, contrôler. En saisissant de force si besoin est, en cassant si ça lui fait du bien. Le fait qu'un objet, une chose, lui soient incontrôlables est insupportable.

    Prendre le jouet du petit voisin de classe, arracher les ailes de la mouche, couper un ver de terre en deux, c'est dominer.
    S'en saisir ! Rien n'importe plus, à cet âge, que de devenir le maître du monde et de soi-même.

    A ce niveau, on est déjà proche de la névrose. Mais on s'en fout, hein...Car tout le monde sur cette terre  est névrosé, on vit avec tant bien que mal, on reste supportable aux autres.

    Mais ce sadisme 'normal' devient pathologique quand il tourne à la cruauté. La cruauté apparaît là ou le plaisir, la jouissance, n'interviennent plus.
    En fait, le sujet cruel est indifférent à la souffrance de l'objet. Il n'est plus sadique.
    Il peut arriver que cette phase surgisse chez l'enfant.

    Seule l'éducation délivrée rapidement par l'adulte peut contrarier ce penchant.

    Sinon, c'est à un psychotique que l'on a affaire dorénavant.

    Et l'on rentre dans le domaine du clinique, de la violence pathologique extrême.

     


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  •                  

    En écrivant le premier voyage de La Divine Comédie (L'amor che move il sole et l'altre stelle), Dante Alighieri ne pouvait pas imaginer que l'Enfer pourrait prendre forme, quelques 700 ans plus tard, dans une unité spécialisée de l'INRA (Institut national de la recherche agronomique).
      
    Le lieu maudit des dieux, mais inauguré il y a peu par Michel Garnier, que je vais te présenter (tous mes remerciements vont à Françoise) est situé dans l' Indre-et-Loire, à Nouzilly, près de Tours.
                                                         
    Les animaux qui y seront accueillis, vaches, cochons, poules, lapins, souris, moutons, n'en ressortiront jamais vivants.
     
    S'ils ressortent, ce sera peut-être à l'état de cendres et après avoir connus les pires tourments.
        
    L'INPREST (Installation nationale protégée pour la recherche sur les encéphalopathies spongiformes transmissibles) est un bâtiment de 4120 m2 aux normes de confinement de niveau 3.
    Comme son nom l'indique passablement, il s'agit d'une gigantesque animalerie où vont être conduites des expériences sur les maladies à prions et les maladies émergentes.
       
    Il conviendra donc de mener, selon  le vocabulaire approprié, des programmes d'infectiologie expérimentale.
    En clair, les saloperies virales et bactériennes les plus démentes qui existent dans l'univers seront injectées à des animaux sains, en les laissant faire leur oeuvre, de A à Z, du début à la fin.
        
    L'objectif recherché est de faire des essais vaccinaux et de réaliser ensuite des clonages d'animaux résistants à ces infections mais d'abord, il faudra faire le tour complet de toutes les caractéristiques de ces maladies.
    L'ESB (la maladie de la vache folle) bien sûr. Et la fièvre aphteuse, la fièvre catarrhale, la grippe aviaire, le virus West Nile, la brucellose, la chlamydiose et la petite dernière, la gastroentérite transmissible du porc.
       
    Tu me diras : "Mais il y a quelque chose que je ne pige pas ! Ces épidémies, on les connaît, on a vu leurs effets, les bûchers, les monceaux de cadavres passant à l'équarissage, la tremblante du mouton, tout ça, c'est pas nouveau...Pourquoi claquer du fric (11,2 millions d'euros HT) pour découvrir ce que l'on sait déjà ?"
        
    En réalité, pour nos chercheurs de Nouzilly, le problème reste que les analyses des mécanismes d'action de ces agents pathogènes sont perturbées, parasitées par les considérations économiques, les intérêts de la filière de l'élevage des animaux de rente et les émotions de la population.
        
    Pour résumer : les bêtes malades et non malades sont abattues trop tôt et ç'est emmerdant car on ne peut pas voir toutes les conséquences de l'infection, la contagion, effectuer des nettoyages sanitaires corrects, procéder à des imageries scintigraphiques qui tiennent la route, avec des spécimens bien infectés jusqu'à l'os...
       
    Dans cette unité en milieu confiné, ultra-sécurisée, les ingénieurs vont enfin pouvoir exercer leur sens de l'observation tranquillement.
       
    Mais la dignité de l'animal est sauve ! Le dossier de presse précise que les normes de densité animale par espèce ont été respectées, que des espaces d'exercice ont été conçus, que la paille sera remplacée par des tapis en caoutchouc pour le couchage des vaches et que l'alimentation des animaux est assurée manuellement par un personnel compétent.
        
    Les virus, bactéries, prions et autres parasites cultivés dans ce centre ne pourront pas en sortir. Sas, zones confinées, mise en dépression de l'atmosphère, élimination en interne des déchets solides et liquides, tout a été prévu.
       
    Tout ?
        
    Si tu as le temps et l'envie, découvre ou regarde à nouveau L'armée des 12 singes, le film de Terry Gilliam.
          
    Tu comprendras de quoi je parle.

     

     


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