• Il s'arrête devant une échoppe et regarde fixement les saucisses qui pendent en vitrine.
    Il s'adresse à elles en silence :

    "Autrefois, vous avez été vivantes, vous avez souffert, et maintenant, vous êtes au-delà du mal.

    Il ne reste aucune trace, nulle part, des tortures qu'on vous a infligées, de vos contorsions pour y échapper.

    Y a-t-il une pierre tombale quelque part dans le cosmos sur laquelle est écrit qu'une vache nommée Kyvatule s'est laissé traire pendant onze ans ?

    Puis qu'un jour, quand ses pis n'ont plus donné de lait, on l'a conduite à l'abattoir où on a récité une bénédiction avant de lui trancher la gorge ?"

    Isaac Bashevis Singer (prix Nobel de littérature en 1978)- Le Certificat. Ed.Gallimard.

     

     


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  • Je m'appelle Basile. Je suis un cochon. Un gentil cochon. Je n'ai même pas deux ans. J'ai eu une vie très moche avant de rencontrer Val.

    Comme beaucoup de cochons, énormément de cochons, j'ai suivi d'abord le destin d'un cochon : grandir vite, mourir jeune, pour finir sous cellophane, accompagnant un oeuf au plat ou des cornichons.

    La Rochefoucauld disait que la mort et le soleil ne peuvent se regarder fixement.

    Il y a peu, j'ai connu les bienfaits du soleil et de l'amour de Val.

    Je suis maintenant prêt à mourir. Ayez une petite pensée pour mes frères de misère et pour moi, Basile, le gentil cochon.

    http://www.laforetdelea.org

     

     


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  • L'Autriche a interdit les cirques utilisant les animaux sauvages. Cela a été rendu possible parce que les associations de protection animale ont, par un patient travail de sensibilisation,  de mobilisation, fait passer le message suivant à un public large : faire danser un éléphant en tutu, obliger un lion à  grimper sur un tabouret, enfermer un bison dans un fourgon de 6m2, c'est de la maltraitance, purement et simplement.

    Parce qu'il y a eu captivité, dressage, coups de fouet, humiliations, simulacres de joie mais véritable détresse... qui satisfont des appétits mercantiles. 

    Et chez nous, en France, c'est pour quand ?

    Appel à une manifestation unitaire pour des cirques sans Animaux

    En période de fin d'année, de nombreux cirques s'installent à Paris, et le 8 novembre 2008 a été lancée la campagne "Pour des cirques SANS Animaux" conduite par des militants indépendants. Depuis cette date, des actions de sensibilisation sont organisées chaque semaine, essentiellement auprès du grand public (stands, manifestation, tractages ...).

    Le 20 février 2009, à quelques jours du départ du dernier cirque, aura lieu devant le Ministère de l'Ecologie, une manifestation revendiquant la mise en application des propositions communes des associations et des fondations de protection animale.

    L'opération se déroulera en plusieurs temps :
    14h30 : rassemblement au croisement de la rue Constantine (au niveau du n°3) et de la rue de l'Université, 75007 Paris. Métro Invalides.
    15h00 : départ du cortège
    15h30 : arrivée devant le Ministère de l'Ecologie, 22 rue de Ségur, 75007 paris
    16h30 : fin de la manifestation

    L'ensemble de l'opération sera coordonnée par l'équipe de la campagne, qui en sera également responsable.
    Les associations et fondations participantes seront invitées à en aviser leurs adhérents et auront la possibilité d'apporter leur matériel de communication
    (bannières, panneaux, tracts, pétitions, etc...) et à tenir un discours devant le Ministère, si elles le souhaitent.

    Il paraît important de se mobiliser et de donner une visibilité globale afin que les légitimes revendications en faveur des droits des animaux finissent par porter leurs fruits, et notamment concernant les cirques, talon d'Achille des exploiteurs d'animaux.

     

     


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    Photos : http://marie-galante.spa.asso.fr

    "Elle se tient à peu près ce raisonnement : Il n'y a aucun mérite à bien se conduire avec ses semblables.

    [...] On ne pourra jamais déterminer avec certitude dans quelle mesure nos relations avec autrui sont le résultat de nos sentiments, de notre amour ou non-amour, de notre bienveillance ou haine, et dans quelle mesure elles sont d'avance conditionnées par les rapports de force entre individus.

    La vraie bonté de l'homme ne peut se manifester en toute pureté et en toute liberté qu'à l'égard de ceux qui ne représentent aucune force.

    Le véritable test moral de l'humanité (le plus radical, qui se situe à un niveau si profond qu'il échappe à notre regard), ce sont les relations avec ceux qui sont à sa merci : les animaux.
    Et c'est ici que s'est produite la faillite fondamentale de l'homme, si fondamentale que toutes les autres en découlent.

    Une génisse s'est approchée de Tereza, s'est arrêtée et l'examine longuement de ses grands yeux bruns.
    Tereza la connaît. Elle l'appelle Marguerite. Elle aurait aimé donner un nom à toutes ses génisses, mais elle n'a pas pu.Il y en a trop.
    Avant, il en était encore certainement ainsi voici une trentaine d'années, toutes les vaches du village avaient un nom. (Et si le nom est le signe de l'âme, je peux dire qu'elles en avaient une, n'en déplaise à Descartes.)

    Mais le village est ensuite devenu une grande usine coopérative et les vaches passent toute leur vie dans leurs deux mètres carrés d'étable.
    Elles n'ont plus de nom et ne sont plus que des "machinae animatae".

    Le monde a donné raison à Descartes.

    [...] En même temps, une autre image m'apparaît : Nietzsche sort d'un hôtel de Turin. Il aperçoit devant lui un cheval et un cocher qui le frappe à coups de fouet.
    Nietzsche s'approche du cheval, il lui prend l'encolure entre les bras sous les yeux du cocher et il éclate en sanglots...ça se passait en 1889 et Nietzsche s'était déjà éloigné, lui aussi, des hommes. Autrement dit : c'est précisément à ce moment-là que s'est déclarée sa maladie mentale.

    Mais, selon moi, c'est bien là ce qui donne à son geste sa profonde signification.

    Nietzsche était venu demander au cheval pardon pour Descartes.

    Sa folie (donc son divorce d'avec l'humanité) commence à l'instant où il pleure sur le cheval.

    Et c'est ce Nietzsche-là que j'aime, de même que j'aime Tereza, qui caresse sur ses genoux la tête d'un chien mortellement malade.

    Je les vois tous deux côte à côte : ils s'écartent tous deux de la route où l'humanité, "maître et possesseur de la nature", poursuit sa marche en avant."

    L'insoutenable légèreté de l'être. Milan Kundera. Editions Gallimard.

     

     


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  • Oleg Kulik est un artiste plasticien ukrainien né en 1961, reconnu, consacré, qui mène performances de rue et expositions. C'est un artiste engagé, radical (au sens premier de racine), très éloigné des codes artistiques en vigueur aujourd'hui.

    L'animalité, le sauvage, la violence, l'invisible 'bête' qui est en nous, sont les thèmes porteurs de son oeuvre.

    Il choque, provoque et heurte la bien-pensance et le conformisme en déroulant ce qu'il appelle son programme zoophrénique.

    Le 24 octobre dernier, deux jours avant la fermeture du salon de la FIAC (Foire Internationale d'Art Contemporain) à Paris, des policiers en civil sont venu décrocher et saisir, sur ordre du parquet, des photographies de cet artiste au motif qu'elles relevaient de l'article 227-24 du Code pénal (relatif à la diffusion d'images à caractère violent ou pornographique ou contraire à la dignité humaine).

    En résumé, Oleg Kulik a été censuré pour avoir exposé, prétendument, des photos de nature zoophile ou pornographique.

    En voilà une :

    Oleg Kulik avait déclaré en juillet 1995 : " Aujourd'hui, les bêtes ne peuvent pas résister à la férocité des hommes, elles n'ont pas de droits politiques.Elles ne sont que des marionnettes enchaînées, quoique c'est l'homme qui devrait être enchaîné.Je suis de ce combat pour le droit des animaux, je suis leur député aux élections".

    Le cliché qui ouvre mon article le montre, en 1994, dans un marché moscovite, déguisé en christ (avec des sabots à la place des mains), debout sur un étal de boucherie.

    Il tient un porcelet dans les bras et lance un nouveau sermon à l'adresse de la population. Malgré plusieurs tentatives, on n'a pas réussi à le chasser de ce 'Temple' des marchands et des bourreaux.

    Car oui, Oleg Kulik a hurlé, gémit, beuglé pendant de longues minutes et ensuite, a interpellé les gens présents sur l'imperfection de l'humanité au nom de tous les êtres vivants et en particulier, de chaque porcelet tué vainement.

     

     


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