• Le fait divers dégueulasse que je vais te narrer m'a rappelé un film, un très bon film.
    Quand j'ai eu connaissance de ce truc là, le rapprochement s'est fait immédiatement.

    Ce film date de 1975. Il a été réalisé par Serge Leroi; c'est fort, efficace et il laisse des traces indélébiles dans la tête de celui qui l'a vu. Les acteurs (Ph.Léotard, J.P. Marielle, M.Lonsdale...) sont remarquables.
    Il s'intitule La Traque.
    L'histoire déroule la journée ignoble de sept chasseurs, dans la froideur d'un hiver normand. Ces chasseurs sont issus de la bonne bourgeoisie française. Ils se tiennent les uns les autres par des secrets, des intérêts réciproques, des lâchetés inavouables, une solidarité de classe.

    La matinée a débuté dans un relais de chasse. Entre ces tueurs notables, l'alcool a circulé. Les esprits se sont échauffés. Les pulsions ont pris le dessus. Sans difficulté. Ils se sont lâchés, comme on dit aujourd'hui.
    Ils avaient repéré une proie. Une jeune femme qui avait eu le malheur de croiser leur chemin quelques heures auparavant.
    Ils l'ont violée.
    Mais sa fuite les a ennuyés. Elle ne devait pas parler. Surtout pas. Question d'honneur. De notoriété. La traque a alors débuté...

    Retour dans le présent.

    Les conditions étaient similaires, le 05 décembre 2007 à  Moncelle (Ardennes).
    Ils étaient 15 viandards, invités au restau par un homme qui 'compte'. Un notable, comme qui dirait.
    En début d'après-midi, ils sont sortis de table complètement mûrs, travaillés par l'apéro, la bibine et le pousse-café.

    L'appel du sang s'est fait aigu. Lancinant. Vite ! Passer à l'acte...

    Ces pourritures ont ramassé leurs flingues, sont allées à proximité de l'autoroute et après rabattu une petite trentaine de sangliers vers les grillages de protection, ont procédé à un véritable carnage.

    Toutes les bestioles ont été pulvérisées en quelques secondes. On a compté plus d'une centaine de coups de fusils.
    Un bain de sang. La démence. La haine du vivant à l'état pur.

    Le chef de ce gang a voulu tout prendre sur lui. Il s'est sacrifié. En échange de ce pacte de sang, un mutuel silence.Et de la complaisance.
    Le procureur en poste à ce moment là était lui-même chasseur. On peut dire que ça aide. Difficile d'étouffer l'affaire mais bon... Un seul responsable, ça vaut mieux que quinze... Faut penser à la réputation.Ce sont des gens biens, qui vont à la messe...Passer pour un taré, humm...

    Le tribunal correctionnel a condamné Cyril. D., seul prévenu par la grâce de la solidarité du monde de la chasse, à deux ans de privation du droit de chasser, de détenir un plan de chasse et à payer 1500  euros d'amende au titre des dépens et à verser quelques menus dommages et intérêts (de l'ordre de 100 euros) aux plaignants.

     

     


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  • Il s'arrête devant une échoppe et regarde fixement les saucisses qui pendent en vitrine.
    Il s'adresse à elles en silence :

    "Autrefois, vous avez été vivantes, vous avez souffert, et maintenant, vous êtes au-delà du mal.

    Il ne reste aucune trace, nulle part, des tortures qu'on vous a infligées, de vos contorsions pour y échapper.

    Y a-t-il une pierre tombale quelque part dans le cosmos sur laquelle est écrit qu'une vache nommée Kyvatule s'est laissé traire pendant onze ans ?

    Puis qu'un jour, quand ses pis n'ont plus donné de lait, on l'a conduite à l'abattoir où on a récité une bénédiction avant de lui trancher la gorge ?"

    Isaac Bashevis Singer (prix Nobel de littérature en 1978)- Le Certificat. Ed.Gallimard.

     

     


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  • "Partir, c'est mourir un peu, mais mourir, c'est partir beaucoup."
    Alphonse Allais.

    De toi à moi, ça me pèlerait les fesses de claquer. Surtout en ce moment (et même demain quand j'y songe).
    Cela étant, ça peut arriver, hein ? Mais il y a une chose dont je suis certain : je ne risque pas de faire le grand saut en essayant, pour mon plaisir, de tuer un être vivant sensible. Ni homme, ni animal.

    Lui, il est canné lors d'une partie de chasse. La chasse, je te le rappelle, c'est précisément prendre du bon temps en exterminant quelques pauvres bestioles.

    C'était du côté de Prémeyzel (Ain), à proximité de la cascade de Glandieu. Dimanche 25 janvier.

    Il avait 59 ans. Un malaise Blaise.

    Couiiiiiiiiiic...

    Les secours, hélico et tout le tremblement, ont mis les bouchées doubles mais bon...Quand ça veut pas ça veut pas.

     


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  • C'est le genre de camarade tonique, toujours disponible pour t'accompagner, toujours partant pour jouer à la belote, faire une partie de boules, t'aider à monter un muret, à faucher ton pré...

    Mais ce n'est un camarade très sûr. On peut même dire qu'il est diablement maladroit, capable de te transformer un repas de communion solennelle en champ de ruines. C'est bien simple, avec lui, tu n'as plus besoin d'ennemi !

    Déjà, c'est un chasseur. Il était à la chasse au lièvre le dimanche 11 janvier à Poinville (Eure-et-Loir) avec 6 de ses potes.

    En tirant, il a arrosé non pas un, mais deux, oui madame, oui monsieur, je dis bien deux viandards .

    Les mecs ont pris du plomb dans la couenne et le portrait.


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  • Il faisait beau en cette période qui prépare l'automne, ces arbres qui ont fini de s'épanouir, la petite fraicheur du matin qui laisse place à des après-midi magnifiques de couleurs.

    Il se promenait à vélo, ravi de cette nature qui ne se cachait plus, pas dénudée certes mais on sentait bien que ses atours s'évanouissaient.

    C'était du côté de Suilly-la-Tour (Nièvre), le 28 septembre dernier.

    Il a aperçu un type dans un champ, armé d'un fusil. Un chasseur.Forcément. De septembre à mars, cette engeance vérole nos espaces naturels pour en faire des cimetières.

    Tout à coup, une poignée de perdreaux s'est envolée. Il avait dû les déranger avec son vélo.

    Tant pis pour le chasseur, posté de l'autre côté du chemin, ce sera pour une autre fois...C'était bien involontaire et puis, la campagne est à tout le monde non ?

    Ce chasseur (appelons-le Lucien puisque c'est son blaze) s'est comporté comme de très nombreux chasseurs. Il est resté binaire.
    Des oiseaux s'envolent ? Il faut tirer !

    Notre promeneur a reçu les plombs dans la peau.

    Le flingueur fou était à 1m50 de la route, en contrebas.

    Sais-tu ce qu'il a avancé pour sa défense ? Il a dit : "je suis désolé de tout ce qui est arrivé mais c'est certain, je ne l'ai pas vu".

    Lucien (63 ans), quarante années de pratiques perverses, a tenté d'expliquer sa merditude (comme dirait Ségolène) devant les juges.

    Pas vraiment enthousiasmé par sa version des faits, le tribunal l'a condamné à 500 euros d'amende, a prononcé la confiscation du fusil et de son permis (licence to kill) avec 1200 euros de dommages et intérêts.

    Au niveau pénal, c'est considéré comme une infraction.

     

     


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