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    A Norwich (Norfolk, Angleterre), pour des centaines de poules pondeuses, il y a un avant et un après dans leur vie.

    Avant, c'est la détention en batterie, dans des conditions effroyables, pattes sur un support grillagé, pour pondre et pondre et pondre en attendant la 'réforme', triste euphémisme qui signifie le transport vers l'abattoir.
    Cette issue fatale intervient après une année de production intensive.

    Après, c'est de pouvoir voir, pour la première fois depuis leur naissance, le soleil, c'est d'avoir la possibilité d'agiter les ailes, c'est le plaisir de se percher et de gratter un sol bien feme.En définitive, d'avoir une vie normale de poule.

    Les poules qui ont la chance de connaître cet après, elles la doivent à Emma McKay, femme de 37 ans, 3 enfants, un mari, Julian.

    Depuis 3 ans, environ une fois par mois, Emma est prévenue par le propriétaire d'un élevage industriel de la région, colossale unité de machines à pondre (40000 volatiles), d'un envoi immiment de poules 'réformées' vers l'abattoir.

    Elle part aussitôt avec quelques proches à bord de son véhicule utilitaire pour en ramener le plus possible et, à l'aide d'une centrale de coordination, les dirige vers des familles d'accueil purement volontaires.

    Ce samedi là, Emma en a sauvé plusieurs centaines ! Dans son jardin, en permanence, 300 poules attendent d'être adoptées.
    Ce samedi là, la queue des personnes qui se sont proposées pour repartir avec une ou plusieurs poules réchappées de l'enfer s'étale du pas de la porte de la maison d'Emma McKay jusque dans la rue. L'émotion est palpable, l'agitation augmente au fur et à mesure que les têtes aperçoivent, derrière le muret du jardin, les bestioles s'ébrouant, un peu hagardes et assurément dans un sale état.

    L'attente est telle que les gens ont largement le temps de chercher un petit nom pour la future adoptée.

    Emma en est malade, à chaque fois, de ne pas pouvoir sauver toutes les poules qui sont destinées à l'abattoir. Son travail a un côté 'Liste de Schindler', dit-elle mais elle se force à ne penser qu'aux animaux 'élus'.

    Emma n'en veut pas au propriétaire de cet élevage concentrationnaire. Il fait partie d'un système dont la clé de voute est le consommateur lambda, celui qui consomme et mange des gâteaux, des crêpes, des brioches, des pâtes, de la mayonnaise, tous ces produits fabriqués avec des oeufs de poules élevées en batterie.

    Emma sauve des poules mais tout le monde, à son niveau, même modeste, peut en faire autant en veillant à acheter des produits élaborés avec des oeufs de poules élevées en libre parcours ou selon des normes biologiques.         

    Ce qui est curieux, c'est que les volailles secourues et rendues à une existence digne et entourée de bienveillance, voire d'affection, se remettent vite de leurs épreuves et redeviennent les poules pondeuses généreuses en oeufs qu'elles étaient alors.

    J'allais oublier... Emma, en dehors de cet investissement, travaille. Elle a un métier. Elle est infirmière en milieu hospitalier.

    Tu imagines les bonnes journées que ça lui fait ?

    Au titre de cette activité bénévole, Emma est donc coordinatrice régionale d'une fondation créée il y a 5 ans par Jane Howorth qui, appuyée par un réseau de correspondants, se consacre au secours, au placement des poules pondeuses et bien sûr à la sensibilisation au problème de l'élevage en batterie.

    Cette association s'appelle la Battery Hen Welfare Trust.

    A l'heure où j'écris ces lignes, ce sont 88755 poules qui ont été déposées chez des particuliers charmants.

    Oui, tu as bien lu ! 88755 bestioles plus ou moins déplumées, plus ou moins abîmées, qui ont été sauvées de l'abattoir.

    Le site : www.bhwt.org.uk

    Tu y trouveras des photos délicieuses, des possibilités de soutien, des infos et une inscription à la newsletter.

     

          


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  • L'atmosphère saturée d'humidité bourdonnait de chaleur. La saison des pluies avait commencé. Comme tous les jours, j'avais été chercher mes magazines (La vie des bêtes, Pilote, le journal de Tintin, Strange...).
    Il arrivaient 20 jours après leur parution en métropole.
    Une lecture; et la découverte de Jane Goodall qui, sous l'autorité bienveillante du docteur Louis Leakey, paléo-anthropologue, avait consacré sa vie à la primatologie.

    Circonstances tout à fait ordinaires. Mais décisives ? En un sens oui.
    Tu comprendras mieux si je te précise que j'ai passé le premier tiers de ma vie présente en Afrique noire. D'ailleurs, je suis né à quelques kilomètres de l'équateur, le parallèle, pas le pays. Au Gabon.
    Ensuite, j'ai pas mal crapahuté, des régions sahéliennes aux forêts tropicales. De l'Ogoué à la lagune d'Abidjan.

    Les animaux étaient sauvages avant d'être domestiques. Tu rencontrais plus facilement des gazelles et des singes grivets que des moutons ou des chats angoras.

    A cette époque, je ne savais pas que Jane Goodall était végétarienne. Moi, je l'étais depuis l'âge de 5 ans.
    Mais je l'admirais, elle et Dian Fossey, pour leur engagement en faveur des grands singes.
    Jane s'intéressait plus spécialement aux chimpanzés, dans la réserve de Gombe en Tanzanie.
    Dian, c'était les gorilles, au Rwanda.
    Leurs travaux effacaient les frontières entre l'homme et l'animal. Le propre de l'homme ne voulait presque plus rien dire.

    Comme un con, je n'ai pas forcé les opportunités de me rendre sur les lieux de leurs exploits quand je suis allé en Afrique de l'est (Kenya, Tanzanie, Rwanda, frontières du Zaire et du Burundi) 10 ans plus tard.
    Je devais avoir d'autres préoccupations, je suppose, pour rater ça.

    Jane se porte bien. A 74 ans, elle abat un travail considérable.Jamais de répit.

    Elle vient de terminer un livre : Nous sommes ce que nous mangeons, Editions Actes Sud.

    A cette occasion, elle a accordé au toujours très plaisant magazine Terre sauvage (numéro 239 de juin reçu hier) un entretien époustouflant.

    Je t'en livre quelques extraits.

    Dans votre dernier livre, Nous sommes ce que nous mangeons, vous traitez de problèmes de société...

    Parce que tout est lié ! Lorsque vous vous préoccupez du sort des animaux dans les forêts tropicales, vous vous rendez rapidement compte que l'on coupe les arbres pour que vous puissiez rouler dans votre voiture.
    Ou manger de la viande.
    Car la production de viande, qui est en forte augmentation dans lemonde, en particulier en Chine, porte également préjudice à l'environnement : il faut bien nourrir le bétail de toutes ces fermes intensives !
    Savez-vous à combien se monte la part des récoltes mondiales servant à nourrir les animaux ? Au tiers, peut-être même à la moitié !

    Avez-vous visité des élevages industriels ?

    Non. J'ai vu assez de photos et de vidéos. Et mon imagination a fait le reste. La torture, je peux la sentir rien qu'en fermant les yeux.

    Ressentez-vous pour les animaux ce que vous ressentiriez pour un être humain ?

    Absolument ! C'est pourquoi je comprends que les militants de la cause animale puissent avoir recours à la violence.
    Les premières photos d'élevages industriels, on les a obtenues ainsi.
    Et, à l'époque, cela valait le coup, on a ouvert une brèche. Mais aujourd'hui, la violence peut-être contre-productive, bien que je ne puisse m'empêcher d'admirer ces "bergers de la mer" (Sea Shepherd Conservation Society, l'association de P.Watson)  qui, comme Greenpeace, s'opposent à la chasse à la baleine.
    Là, peut-être, la violence mérite-t-elle la violence.

    Mais comment convaincre des gens, persuadés que c'est bon pour la santé, de ne plus manger de viande ?

    En leur disant qu'ils consomment des produits issus de la cruauté infligée à des animaux gavés d'antibiotiques et d'hormones de croissance, que l'élevage industriel pollue nos rivières, que l'on gaspille une énergie folle à transformer des protéines végétales en protéines animales, que l'on rase des pans entiers de forêts primaires pour créer des pâturages et des champs de céréales destinés à nourrir les animaux d'élevage.
    La quantité de céréales que l'on fait pousser pour engraisser une seule vache nourrirait tout un village africain pendant un an.
    Oui, juste une vache !

     


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  • Ofir Drori, quand il veut traverser une rue, il a plutôt intérêt avant à regarder précautionneusement vers sa droite et vers sa gauche.

    Le nombre de personnes qui seraient soulagées qu'il ait un accident bête (ou qu'il ramasse une balle perdue) est élevé.

    Ofir Drori est fort, très fort. Ofir Drori est magistral, sympa, solide.

    J'ai appris son existence en visitant le blog de Michelle. Un article tiré de l'hebdo Le Point parlait de cet homme hors du commun qui a créé, en décembre 2002 au Cameroun, une association dénommée LAGA (Last Great Apes organisation), à savoir, l'Organisation pour la Défense des Derniers Grands Gorilles.

    Ofir Drori est israélien. Baroudeur invétéré, il a posé ses maigres bagages à Yaoundé pour s'engager dans la défense des grands singes (Gorilles, chimpanzés) d'une façon originale et percutante (et dangereuse).

    Faisant le constat, partagé par beaucoup, que l'insuffisance des moyens financiers et matériels, humains (en cadres techniques, en rangers), la corruption, font que les mesures législatives pourtant très protectrices n'empêchent pas le braconnage et le trafic à grande échelle, il s'est décidé à faire appliquer la loi et les sanctions qu'elle prévoit.

    Il a ainsi constitué une équipe d'une douzaine de personnes. Enquêteurs, juristes, chargés en communication sont à l'affût de tous les réseaux, même des plus modestes, de trafiquants.

    Ils tendent des pièges en se faisant passer pour des acheteurs d'ivoire, conduisent des infiltrations, vont perquisitionner accompagnés de policiers intègres dans des maisons où ils trouvent des congélateurs remplis de viande de gorille, interpellent lors de flagrants délits, vérifient que les braconniers ont bien été incarcérés et non relaxés à la suite de versements de pots-de-vin, assistent les magistrats camerounais dans le déroulement des procédures judiciaires etc.

    Rien qu'en 2007, son équipe a mené 210 enquêtes ayant débouché sur 43 procès (suivis, pour 87% d'entre eux, de peines de prison).
    Parmi les objets saisis : 1220 perroquets gris à l'aéroport de Douala (valeur 800 000 dollars), un hippopotame vivant de 600 kilos en partance pour le Pakistan, plusieurs centaines de kilos d'ivoire, des dizaines de peaux de lion et de panthère, mais aussi des mains et des têtes de gorille, et plusieurs bébés chimpanzés.
    365 communiqués de presse ont été publiés (ça permet de faire la publicité sur les arrestations et éviter que les dossiers "s'enlisent").

    Au Congo comme au Cameroun et dans la plupart des pays africains, la volonté politique de sauvegarder des espèces en voie d'extinction existe mais elle se traduit difficilement sur le terrain.

    Même appuyée par des organismes comme la CITES (Convention on International Trade in Endangered Species), les Nations-Unies, de grosses ONG comme l'IFAW, cette volonté peine à remplir ses objectifs.

    Le braconnage (peaux, ivoire, viande, spécimens pour les zoos, les cirques) est vigoureux car la demande est soutenue. Les réseaux sont puissants. Internationaux. Les enjeux financiers sont importants.
    Tu penses bien que ces trafics dégueulasses ramènent beaucoup de fric.

    Ofir Drori doit en déranger plus d'une, de ces mafias spéciales.

    Le travail d'Ofir Drori complète celui des autres associations qui protègent les habitats naturels, informent, sensibilisent, soutiennent, financent ou gèrent des programmes de conservation, aident l'action des patrouilles anti-braconnage.

    Le mieux, c'est que tu ailles sur le site de l'association.
    C'est en anglais et il y a des images dures parfois. Mais ça vaut le coup, crois-moi. Les rapports d'activité sont à la disposition de chacun.

    http://www.laga-enforcement.org/

     


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    Amis parisiens et franciliens, vous ne mesurez pas la chance que vous avez !

    Paul Watson, fondateur de l'association Sea Shepherd Conservation Society (et de Greenpeace, qu'il a quitté en 1977, car dégoûté des dérives bureaucratiques et mercantiles) est un homme hors du commun.

    Je n'ai pas l'habitude de m'incliner devant des personnalités mais en l 'espèce, fréquenter ce gars est un vrai privilège.

    Eco-guerrier téméraire, flibustier écolo au grand coeur, militant radical de la cause animale, c'est un seigneur.

    Détesté par les tueurs des océans, vénéré par les défenseurs du vivant.

    Le Capitaine Paul Watson sera à Paris le samedi 7 juin 2008,

    Conférence à 14.30 dans l'amphithéâtre 55 de la Faculté des Sciences de l'Université de Jussieu - Paris VI
    (dans le 5e arrondissement - Métro Ligne 7 & 10 - station Jussieu)

    La conférence sera suivie d'un buffet végétarien informel (salle J7 de la tour 44/55)
    où le Capitaine Watson se prêtera volontier au jeu des questions.

    L'entrée est libre, l'équipe de Sea Shepherd France vous y attend nombreux!

     


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  • Après une bonne journée de grève et de manif, bien rincé, au propre comme au figuré, j'ai à peine eu le temps de finir de parcourir le dernier numéro d'Animaux Magazine, le mensuel de la SPA, déposé ce jour dans ma boîte à lettres que de suite, je me suis dit : mon gars, ta journée se termine plutôt cool.

    Et comme j'aime partager, j'avais ce qu'il me fallait.

    Nelson Monfort, tu connais, je suppose ?  Commentateur sportif exubérant, parfaitement bilingue, spécialiste il me semble du patinage artistique et des disciplines athlétiques aux JO  et autres compétitions d'envergure.

    Et aussi un grand ami des animaux. Pas faux derche comme d'autres, qui ménagent leur notoriété en pratiquant la langue de bois version châtaigniers de Lozère.

    Un chic type. L'entretien fait 2 pages. Nelson Monfort réprouve totalement la chasse. Loisir détestable, qu'il dit, maintenu par un lobby puissant  jouant des intérêts électoraux.

    La corrida ?  Insupportable ! Il demande l'abolition pure et dure de cette distraction sadique.
    A la question de savoir si, dans le cadre de ses obligations professionnelles, on lui demandait de commenter une corrida et quelle serait sa réaction, il répond : " Très clairement non, non et non".   

    L'expérimentation animale ? Opposant déterminé, il est  proche de l 'association Pro Anima, qui travaille à supprimer le recours à ces expériences cruelles et inutiles.

    Un chic type je te dis.

     


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