• Une chair en quantité où l'enfer de l'élevage

    Marie Rouanet a été parfois contrainte de ruser pour conduire son enquête sur l'élevage en batterie des animaux de rente car ce qui se passe, dans ces endroits, comme dans les abattoirs, ne doit pas être vu.

    La production industrielle de viande, de protéines animales, puis la mort donnée en série, restent, même pour les plus avertis des militants de la cause animale et des végétariens, une béance effarante tant la cruauté banalisée, la propreté technicienne de ce massacre mécanisé dépassent l'entendement.
    Impossible d'être blasé devant ce spectacle dément. Ce sera donc dissimulé.

    Quelques extraits de ce livre (15 euros) publié il y a peu.

    [...] A deux heures, le porcelet est édenté. Sinon il pourrait blesser sa nourrice et, devenu adulte, ses compagnons de destin. Dans les quarante-huit heures, tant qu'il est sous la protection du colostrum, il est équeuté. Le petit–ou gros–cochon à la queue en tire-bouchon n'existe plus.
    Si l'on vous sert au restaurant une queue de porc aux lentilles, vous trouverez une queue toute droite. Mais qui regarde son assiette en songeant que le morceau de viande qui la remplit vient d'un animal vivant ? Le petit tortillon, dépourvu de terminaisons nerveuses, pourrait être mordu – ou du moins mordillé – plus tard par un camarade de captivité. (...) Donc équeutage. [...]

    Taches sombres aux pattes des poulets : ulcères des crispations sur le grillage. Brochettes : on a utilisé les poulets blessés. Carrés de potage faits avec les carcasses des pondeuses. Jambon de poulet : la chair bouillie des volailles innombrables a été pressée, amalgamée, puis tranchée en manière de jambon blanc. «Oeufs frais » ayant roulé jusqu'au tapis près des cadavres des poules picorées par leurs compagnes de prison. Plats cuisinés : on a utilisé une pondeuse ou un  poulet aux os brisés par la décharge électrique. « Poule au pot », pondeuse de réforme à peu près présentable, mais qu'il est impossible de cuire longuement car, en moins d'une heure, elle est défaite, ses articulations sont trop faibles et trop jeunes.
                                          
    Foies gras : oh ! ce coeur écrasé, ce bec qui cherche l'air, ce sexe expulsé au-dehors dans l'ordure de la caisse.

     



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