• La chasse française va mal et la France est malade de sa chasse

    Ainsi, la vérole cygénétique avait la rage, en fin de semaine dernière.

    Les trognes violacées, sueur au front (assommées par les litres de rosé du Gard en cubi ?) et agressives ont manifesté samedi 26 juillet dans l'Hérault, le Pas-de-Calais, la Somme et la Manche pour le droit à massacrer le gibier d'eau quand elles le souhaitent et non pas en fonction du statut des espèces, de leur répartition, de leur vulnérabilité, de l'évolution des effectifs  (dépendante du nombre et de la qualité des  lieux d'hivernage, de la protection des littoraux etc).

    Toutes choses que n'importe quel enfant en bas-âge peut comprendre.

    Les nuques épaisses gueulent pour obtenir l'uniformisation des dates d'ouverture. Ce qui est permis au nord doit l'être dans le Médoc. Ce qui est légal en baie de Somme doit l'être en façade méditerranéenne.  

    Et ces délicats parfumés au sang ont bloqué des routes et distribué des tracts près de Sète, conduit des opérations escargot au Touquet, perturbé l'accès au Mont Saint-Michel, empêché les arrivées aux bacs permettant de traverser l'estuaire de la Gironde.

    Avec ce même mot d'ordre : " l'ouverture de cette chasse est de plus en plus tardive ".

    Que demandait Jean-Michel Becquet, responsable régional et membre du comité national du CPNT : "une ouverture unifiée de la chasse le 2 août partout en France". 

    En colère, oui, qu'elles étaient, ces brutes mais aussi malicieuses. Car il s'agissait bien de mettre la pression sur Jean-Louis Borloo et le Conseil National de la Chasse et de la Faune Sauvage (CNCFS) qui étaient chargés de concrétiser les débats, parfois très houleux, entre les représentants des viandards et les associations de protection de la nature lors de la table ronde sur la chasse, présidée par Jérome Bignon, grand chasseur lui-même.

    Le ministère de l'Ecologie a donc publié lundi un calendrier des dates d'ouverture de la chasse au gibier d'eau qui représente en définitive ce que l'on pouvait espérer de mieux compte-tenu des rapports de force.

    Il faut savoir que les chasseurs ne voulaient pas l'extension d'un moratoire à d'autres espèces que la Barge à queue noire et le Courlis cendré.
    Cette protection va cependant bénéficier à l'Eider à duvet (photo).En plus, quatre autres espèces de limicoles, le Courlis corlieu, la Barge rousse, le Bécasseau maubèche et le Chevalier gambette feront l'objet d'un suivi attentif, pouvant conduire si nécessaire à la suspension temporaire des prélèvements.
     

    Certes, la chasse de 24 espèces d'oiseaux d'eau est ouverte dans les zones humides hors littoral dès le 21 août plutôt qu'à la fin août.
    Ce qui peut ressembler à une abdication n'en est pas une.
    Cette date a été négociée dans la douleur et au delà du fait qu'elle ne soit pas avancée début août, elle s'accompagne de contreparties certaines; par exemple, le Vanneau huppé ne sera chassable qu'à partir du 15 octobre, partout en France alors qu'obtenir la date du 15 septembre paraissait déjà, au début des discussions, presque idéal.
    Il en est de même pour le sort de la martre et de la belette, actuellement classées comme nuisibles, statut qui sera rééxaminé.
    Quant au plan de restauration du Grand Tétras, c'est un succès indéniable.
     

    Il faut bien avoir présent à l'esprit que la lutte, au niveau départemental comme national, est rude et ingrate et que les chasseurs n'attendent qu'une chose : que les associations de protection de l'animal et de l'environnement, telles la LPO ou l'ASPAS (coucou Michelle) foutent le camp des instances de concertation.
    Si c'est la politique de la chaise vide qui l'emporte, les semeurs de trépas feront et décideront ce qu'ils voudront : chasser toute l'année et n'importe quelle espèce.

    Bien sûr, ce n'est pas rigolo de se batte des heures et des heures pour assurer un semblant de protection au Chevalier gambette, pour sortir le renard roux de son statut de nuisible mais c'est un taf important pour ceux qui n'ont pas de voix pour se faire entendre.
     

    Cela étant, quand tu lis les réactions de CPNT devant l'accord sur les dates d'ouverture, tu te dis que tu n'as pas bossé pour rien.

    En effet, selon
    Laurent Jaoul (délégué CPNT pour l'Hérault), le président de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) Allain Bougrain-Dubourg "a mené la danse" et l'accord annoncé lundi soir entre chasseurs, associations de protection de la nature et représentants du monde rural est "gagnant pour les ultras de l'écologie radicale et perdant pour les chasseurs".

    Les viandards sont donc livides cette fois et ont annoncé qu'ils allaient remettre le couvert en
    continuant les mouvements de protestation le week-end prochain.

     


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