O temps ! suspend ton vol, se serait exclamé notre cher Alphonse.
C'est bien ce qu'il a fait, le temps. Les minutes ont suspendu leur cours, paraissant interminables à Gimeno Mora.
Cela a permis, par conséquent, aux femmes présentes dans l'arène de Las Ventas (Madrid) d'obtenir quelques sécrétions intimes bienvenues et aux messieurs de connaître enfin le plaisir de l'excitation sexuelle.
Le spectacle était, il faut le reconnaître, ahurissant.

Gimeno Mora, banderillero de l'équipe de Miguel Tendero, était en train de torturer le deuxième toro de l'après-midi (c'est la feria de San Isidro), arrachant de légers baillements d'ennui à l'assistance clairsemée quand l'animal eut la bénéfique idée d'embrocher le pantin dans son ensemble satiné rose au niveau du bas-ventre.

La corne est entré sans difficulté dans la boyasse. Le toro a ensuite levé la tête et a fait tournoyé la danseuse ridicule de longues minutes. Un coup à droite. Un coup à gauche. L'axe de rotation tenait bon.

Ouf ! Le public pouvait tirer des frissons nouveaux de ce spectacle qui devenait chiant.

On a retiré Gimeno Mora de son épingle. Les dégâts physiques (deux trajectoires de 20 et 15 cm, clavicule en poudre, pubis malmené...) sont plus que sérieux.

Que ne faut-il pas faire, hein Gimeno, pour donner du plaisir à des individus frigides ?