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Avons-nous le droit de disposer, d'exploiter et de tuer les animaux ?
La revue Pouvoirs est la Revue française d'études constitutionnelles et politiques. Elle a consacré la totalité de son dernier numéro (131) de novembre 2009 aux animaux.
On notera les contributions de personnes que nous aimons bien ici, Elisabeth Hardouin-Fugier, Elisabeth de Fontenay, Florence Burgat.
Certes, on négligera Françis Wolff, ce philosophe prestataire de services de la mafia tauromachique (il vend des arguments bidons contre reconnaissance).
Florence Burgat, justement, a rédigé un excellent (mais c'est son habitude) article sur les enjeux brûlants qui se posent à la cause animale. Elle dresse un tableau plus qu'exact de la mouvance animalière et revient sur la problématique majeure qui tracasse, agite, stimule n'importe quel militant sincère de la cause animale : exploitation animale. Réformer ou abolir ?Je te livre là quelques extraits.
Il existe dans le monde des milliers d’associations de défense des animaux.
Il est impossible d’en fournir le nombre exact en France car, aux côtés des grandes associations, se forment des groupes de petite taille (dont des refuges) à l’action souvent locale. Le nombre de leurs adhérents varie de quelques centaines à des dizaines de milliers.
Elles diffèrent aussi par leur objet (général ou particulier) et par leurs visées, selon qu’elles sont essentiellement amélioratrices (on emploie aujourd’hui l’anglicisme « welfaristes ») ou abolitionnistes.
Si une véritable réforme des méthodes d’élevage, de transport, d’abattage, une réduction et un encadrement de l’expérimentation, mais aussi de la chasse sont jugés, par tous les militants, nécessaires à la réduction immédiate de la souffrance animale, ces mesures ne constituent pas pour autant la fin dernière de l’action de toutes les associations, loin s’en faut.
Aussi les deux grandes postures théoriques qui clivent le mouvement de défense des animaux se dessinent-elles : réformer ou abolir.
Une question peut être adressée à la position réformiste : comment « protéger » les animaux au cours d’opérations qui les font nécessairement souffrir (expérimenter, confiner, abattre à la chaîne) ?
L’industrialisation des processus, qui a affaire à des séries et non à des individus, est-elle compatible avec le souci de l’individu ? À ces éléments concrets s’ajoute le regard porté sur les animaux : comment en effet les déclarer tout à coup « respectables » et dignes de « considération » auprès de ceux qui les voient, du fait de leur activité professionnelle ou leur passe-temps, comme de la « viande sur pied » ou du « matériel de laboratoire », ou encore du « gibier » ?
[...] On n’a jamais tué autant d’animaux qu’aujourd’hui.
Yves Christen remarque à juste titre que la « passion nouvelle » pour les animaux « ne change pas grand-chose sur le terrain concret de l'exploitation animale », car on estime à 8 milliards les animaux tués par an aux États-Unis pour la boucherie, « soit près de un million par heure », à 200 millions ceux qui sont chassés et à 8 à 10 millions ceux qui sont chassés ou élevés pour leur fourrure.
Aussi les trois secteurs les plus importants de l’exploitation animale devinrent-ils la boucherie, l’expérimentation et la chasse.
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