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Par TAOMUGAIA le 2 Mai 2008 à 17:55
Vienzavecmoi, belle enfant, mon ami, au pays intriguant et désespérant des matadors encornés. Tu découvriras des individus qui fileraient la courante à une bande de hyènes (animal sympathique au demeurant), dotés du strict minimum pour penser.
Parmi eux, il s'en trouve même des qui pensent avec une louche à potage, juste capables de ramasser les vermicelles.
Juan José Padilla est de cette trempe.
Né en mai 1973, il est proche de la sortie de route.
Car il s'est tapé des cartons à tire-larigot. Pour résumer, c'est à lui qu'on confiait les toros les moins éduqués, c'est lui qu'on invitait dans les corridas les plus pourries, les moins rémunératrices mais les plus risquées.
Et il y allait. C'est le commando parachutiste de la tauromachie. Rien dans la tête, des cicatrices partout.
Il a morflé des coups de corne en entrée, en plat de résistance et en dessert mais il est capable de payer l'addition pour tout le monde.
C'est donc très amusé que j'ai lu qu'il avait pris du rab mardi 29 avril alors même qu'il n'était pas dans une arène !
A cette occasion, je vais te révéler le formidable secret de la corrida. C'est comme qui dirait l'équivalent du Da Vinci code de ce loisir cruel.
A ma connaissance, je ne vois pas de livres, de textes anti corrida, qui aient dévoilé le truc et je me demande bien pourquoi.
Règlons tout d'abord le cas de notre tête de noeud : il mettait à l'épreuve (c'est à dire qu'il la toréait) une jeune vache de l'élevage Núñez del Cuvillo.
Le but du jeu de ce que l'on dénomme 'tentadero' ou 'tienta', en espagnol ? Sélectionner, par la voie du sang qui coule, les meilleures reproductrices (et reproducteurs) pour toros de combat.Tout ça se passe dans un champ. Pas dans l'arène.
Et le matador bénéficie, par ailleurs, d'un excellent entraînement. Il se fait la main, si tu veux...
Sauf que là, du côté de Jerez, ce con ténébreux s'est fait niquer dans les grandes largeurs.
La jeune vache n'avait probablement pas les dispositions pour donner naissance à des rejetons destinés à périr dans l'arène et a collé un fantastique coup de corne dans la jambe droite de Juan José Padilla.
Rapatrié à l'hosto de Puerto Real, le matador qui a de la semoule dans le crâne a gueulé, c'était prévisible : "même pas mal, je ne suis pas une tafiole, je retourne dans l'arène dès samedi pour crever ces saloperies de bestiaux".
Il fait le fier, mais, crois-moi, il a dégusté copieusement.
Cela étant, ce grand secret ?
Figure-toi que la tâche du matador doit être simplifiée au maximum. Pour cela, il doit affronter un toro le moins imprévisible possible.
Toro courageux, fonceur mais idiot.Je suis désolé pour les amis des animaux, toutefois, la vérité est là : les élevages de toros 'bravos' ont pour objectif de reproduire des spécimens très agressifs et sans discernement.
C'est exactement comme pour les chiens d'attaque, Pit-bulls et autres Staffordshire bull-terriers; la sélection est génétique et sociale (avant d'entrer dans l'arène, le toro n'aura jamais croisé un homme à pied ! Il a toujours été approché par un éleveur à cheval ou en voiture).
Méthode rigoureuse, drastique; le toro est sélectionné pour devenir une arme, une masse de muscle fonçant sans réfléchir vers un morceau de chiffon.
Les élevages visent en définitive à fabriquer des troupeaux de toros dégénérés, rendus fougueux, dangereux et stupides.A cet égard, les 'sujets' des élevages Miura et V.Martín sont les plus recherchés.
La corrida, ce n'est jamais que l'expression d'une pure lâcheté où les incertitudes du combat ont été raturées pour le plus grand profit du pantin armé.
C'est le détournement honteux, pitoyable, d'animaux de leur vocation première pour satisfaire les pulsions sadiques de l'homme.
PS le dessin a été réalisé par Anne-Marie, militante anti corrida persévérante et hardie.
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