Il y a 4 ans, cet ouvrage aurait fait 340 pages et son prix se serait élevé à 28 €.
Aujourd'hui, signe des temps, quand ça veut pas, ça veut pas, il fait 68 pages et coûte 5 €.
C'est tout juste s'il n'est pas distribué gratos aux restos du coeur ou opportunément balancé par milliers aux malheureux haitiens en gage de solidarité.
Personne n'en parle.Tout le monde s'en branle. Alors, en tant que blog anti corrida, c'est paradoxal, je m'y colle, mon bon coeur me perdra.

Je parle du dernier opuscule rédigé par le philosophe officiel de la corrida, le porte-coton de la mafia tauromachique: Francis Wolff.
"Cinquante raisons de défendre la corrida", que ça s'appelle.

J'ai extrait ceci du propos de présentation : "[...] Mais les adversaires de la corrida doivent savoir que les aficionados sont aussi sensibles qu’eux à la souffrance.S’ils vont aux arènes, ce n’est pas par jouissance perverse..."

En effet, les aficionados sont heurtés par le fait qu'on les traite de sadiques, de pervers, de psychopathes...
Plus que tout autre argument, c'est celui qui leur retourne leur perversité intrinséque qui les chafouine.
Les vicieux en bermuda tentent donc de sortir la tête de l'eau fangeuse dans laquelle ils ont plongé avec délices pour se poser en individus équilibrés affectivement et sexuellement, à l'égal de leurs opposants.

Mettons-nous donc d'accord sur les termes. Et évidemment sur celui de perversion.
Le Petit Larousse de la psychologie (2008), page 837, donne de la perversité  cette définition : "disposition active à faire le mal intentionnellement en faisant appel aux ressources de l'intelligence et de l'imagination".

L'encyclopédie en ligne Wikipédia dit de la perversion qu'elle est une organisation psychique utilisant un mode relationnel permettant d'assouvir ses pulsions par des actes opérés aux dépens de l'autre, sans ressentir de culpabilité.
Et résume la définition par : "un pervers fait souffrir les autres".

Cependant, la perversion est un fonctionnement défensif, qui peut ou pourrait être utilisé par tout un chacun.
En revanche, chez certains ce mécanisme s'installe comme un mode de fonctionnement préférentiel, probablement plus satisfaisant, en ce qui leur permet d'éviter toute souffrance psychique. Plus ce mécanisme est utilisé et plus il se renforce, car l'utilisation de l'autre comme instrument prive la personne perverse de tout retour affectif structurant. Ce développement sur le mode pervers est un choix adaptatif fait par l'individu.

Payer quelques dizaines d'euros pour aller assister au supplice d'un animal, supplice conclu par son exécution, tu appelles ça comment, Francis ?

T'as peut-être entendu parler de la chasse au mirador ? A la différence de la chasse conventionnelle, à l'approche, celle qui nous occupe jours après jours avec son lot de foirades, la chasse au mirador est moins exercée, déjà parce que ça coûte la peau des fesses (et crois-moi, ça en fait des lanières) et qu'ensuite, ça se passe très généralement dans le cadre d'espaces privés, genre enclos ou parc de 120 ha.
Quand t'es un viandard pété de tunes ou que tu connais du beau linge, c'est fastoche. Tu raques ou t'es invité, tu grimpes sur un affût pas trop haut et tu attends que le gibier arrive pour le dégommer. C'est plus bandant quand c'est du gros.

Comme du chevreuil par exemple. Samedi 23 janvier, ils étaient une bonne vingtaine à attendre du chevreuil, dans le parc du Château, à Maison-en-Champagne (Marne), perchés sur leurs miradors.
Ils viennent toutes les 3 semaines, amis, actionnaires, invités par le président de l'amicale de chasse du Château.

On te dira que ce type de chasse limite notablement les accidents dans la mesure où tu tires de haut en bas (tir fichant) et qu'à priori, même si tu loupes ton coup, la balle reste dans le sol.
Sauf que...
C'est ballot...

En l'eau cul rance, le chasseur du mirador 11 a fait feu. A côté ! Raté !
Le chasseur du mirador 10 a tout pris dans la poire.
Comment céti possible mon vieux ?
Ri
Co
Chet

L'ami des hospitalisés.

Et si Carcassonne faisait bientôt le désespoir des couillons anisés en bermuda qui se délectent de voir un animal souffrir ?
Et si cette tradition pour demeurés pervers devait s'interrompre en cette belle cité médiévale ?

D'après le quotidien L'Indépendant, le maire de Carcassonne, Jean-Claude Pérez, aurait informé des représentants du CCAC (Comité Carcassonnais pour l'Abolition des Corridas) que la municipalité n'avait plus l'intention de prêter main forte (en hommes, services et ressources) à l'organisation de la feria.

En résumé, sans blé, sans soutien, cette farce sanglante va disparaître à jamais de Carcassonne, comme elle le fera dans d'autres communes probablement.
Elle ne subsiste que parce que la mafia tauromachique pompe l'argent public par divers moyens (subventions...). En se mettant au passage du fric dans les poches.

Les cons lapideurs sont amers...

Trop c'est trop ! Que font les pouvoirs publics ? Les autorités de tutelle ?
On en est à la cinquième, si j'ai bien compté...C'est énorme...
Cinq sorties de route. Cinq fois que des viandards quittent la piste et tombent dans le ravin... Avec une issue fatale.
La dernière en date ? Pas plus tard que dimanche 24 janvier.
Dans les parages de Malons-et-Elze, petit village des Cévennes, un chasseur participant à une battue au sanglier est tombé d'un aplomb et s'est tapé une chute de 30 mètres.
Comme ça fait haut, il est mort.

Que proposer ? Fastoche.
Les chasseurs sont déjà équipés (en série) de GPS; en effet, tu as remarqué que même bourrés, ils savent rentrer chez eux après la chasse pour retrouver leur bourgeoise si aimable avec les voisins et les amis.
A l'initiative des fédés de chasse, ils seront équipés en sus de gyrophares couleur orange, comme les véhicules de la DDE, pour se distinguer du gibier et éviter ainsi les balles tirées par des congénères très maladroits.
Se servant de la crécelle qui leur sera remise en même temps, rien ne pourra leur arriver de fâcheux.

Et cerise sur le gâteau, nous y voilà, je suggère de leur greffer un ESP (Elektronisches Stabilitäts Programm), c'est à dire un correcteur électronique de trajectoire.

Tu me diras qu'avec tout ça, la sécurité des viandards sera assurée et qu'ils seront toujours aussi nombreux à nous pourrir la vie et à exterminer de l'animal... Oui certes mais réfléchis bien une seconde : tout cet équipement, ça va coûter la peau du cul et fera monter l'adhésion annuelle vers un montant dissuasif. Avec les indemnisations sans cesse croissantes qu'ils devront douiller compte-tenu des dommages liés à la prolifération des sangliers, la chasse deviendra un loisir très cher, trop cher en ces temps de crise économique.
Résultat ? Moins de tueurs du dimanche (et du lundi et de toute la semaine d'ailleurs).

Mes amis les renards, ce qu'ils préfèrent dans la sauce grand veneur, ce sont les airelles, voire le poivre rose.
Le vin aussi. Les oignons également.
Pour ces recettes, je suis les conseils de Dorothée. C'est une musaraigne. Super sympa et cuisinière de talent.

-T'en penses quoi, de la barbaque de chasseur, chère Dorothée ? Avec quoi tu l'accompagnes ?
-C'est de la daube ! Evite ! Tu en bouffes et ça te file la courante puissance 10 ...C'est bien simple, j'ai interdit à mes gosses (j'en ai 267) de s'approcher de la bidoche de chasseur. Trop mortel.

-Mais tu vois...là, Dorothée, j'ai un souci. Y'a un tueur de l'aube qu'a perdu une cuisse en se tirant dessus, dimanche 24 janvier, du côté de Couffé, en Loire-Atlantique. Il s'est vautré et pan ! Le coup est parti... Je fais quoi du cuissot de viandard ? Je pensais l'accomoder avec une sauce grand veneur.
-Balance le tout directos à la poubelle, te dis-je. Poubelle la vie. Et fais gaffe à blanchir les légumes 5 mn avant de les mettre dans la sauteuse.
-T'es sûre que je dois jeter le morceau ? Son proprio n'a que 54 ans...C'est pas vieux comme gibier...
-Tu veux t'empoisonner ou quoi ? Jette !

J'ai fait comme elle a dit. La sauce grand veneur sans un goût de viandard, c'est effectivement délicieux.