• (La photo, elle vient de là : http://www.ruchet.com)

    Le coeur battant, ils se sont posés à l'arrache.
    Le bec claquait. La frayeur.
    Dix centimètres de plus et ils mourraient.
    Honoré et Désiré avaient eu chaud aux plumes. L'autre con avait balancé la sauce et touché Bastien, parti  trop tard, surpris en ce magnifique après-midi d'automne par la malice du chasseur.

    L'été indien, Bastien, il n'en aura pas profité longtemps. Pourquoi les canards n'auraient-ils pas le droit, eux aussi, de jouir de ces moments clairs, paisibles ?

    Honoré et Désiré se sont alors regardés. Perplexes... Le tueur se dessapait, avec soin.

    - Qu'est-ce qu'il fout, il est barjot ?  Il ne va pas se baigner tout de même ?
    - Humm, tu sais quoi ?  C'est trop dangereux de vérifier mais je suis sûr que Bastien est tombé dans la flotte loin de la rive et que ce glandu veut le récupérer.
    -T'as raison ! Mais t'as vu son âge ? Il va claquer en 30 secondes s'il fait ça...
    -En même temps, t'auras de la peine, toi ?

    Flagnac (Aveyron). Dimanche 28 septembre.

    Armand  V. (71 ans) s'est noyé dans le Lot alors qu'il tentait de récupérer le volatile pulvérisé par ses soins.

     


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  • (photo W.Fondevilla)

    Et dire que les fêtes de fin d'année, c'est dans 3 mois...On peut être sûr que l'ambiance dans cette famille habitant en Loire (42) y sera plombée...Que ce n'est même pas la peine d'y songer ! Une ambiance de cimetière, ça pourrait ressembler à ça.

    Je t'explique.

    Du côté de Saint-Bonnet-le-Courreau (750 habitants des pieds à la tête), Bute-mi et Bute-moi étaient à la chasse au gros. L'un était le frère de l'autre et inversement. Quasiment le même âge, la bonne cinquantaine, dit-on.

    Bute-mi avait bien tassé.

    Voulant franchir un talus Bute-mi glissa, tomba et tira.

    Qu'est-ce qui reste ? Bute-moi !

    Le frangin a pris une dragée dans la cafetière. Il en est mort, figure-toi.

     


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  • "Je crois que les chats sont des esprits venus sur terre.
    Un chat, j'en suis convaincu, pourrait marcher sur un nuage."
    Jules Verne

    Aujourd'hui, pas d'article.
    Pas le coeur à ça.
    Hier au soir, j'ai ramassé la dépouille de ma petite chatte. Elle avait été écrasée par une voiture.
    Elle s'appelait Noiraude. Elle avait 3 ans.

     


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  • "Tant que nous sommes nous-mêmes les tombeaux vivants d'animaux assassinés, comment pouvons-nous espérer des conditions de vie idéales sur cette Terre ?"
    Georges-Bernard Shaw (prix nobel de littérature).

    Tu as deux très bonnes raisons de lire puis de faire lire Végétariens Magazine : il est vraiment intéressant et en plus, il est intéressant.
    J'ajouterai même qu'il est super intéressant ! La preuve, j'écris dedans ! Et Chris (Christophe) qui fréquente de ce blog, également.

    C'est lui qui a fait l'article sur Paul Watson, le fondateur et vigoureux et épatant militant de l'association Sea Shepherd Conservation Society.

    Quant à ma modeste participation, elle ouvre ce numéro 22 par un rappel des conditions dans lesquelles Jean-Marc Royer s'est lancé dans l'aventure, ça fera deux ans bientôt, d'un magazine dédié au choix du végétarisme et des difficultés, mais aussi des espoirs qui sont les siens.

    Avoue que ce serait dommage de ne compter que sur Paris Match ou Télé 7 jours pour faire la promotion du végétarisme !

    Je te balance ci-après, comme je suis un garçon prévenant, un extrait de mon papier.

    " Il y a deux ans, un homme, Jean-Marc Royer, a eu le courage de lancer un mensuel  à diffusion nationale pour promouvoir, valoriser  le végétarisme et rendre compte du dynamisme de ce choix alimentaire.

    Il ne s'agissait pas d'ajouter à la presse spécialisée dans les questions de santé ou de cuisine un énième magazine ni de compléter la presse militante avec une revue à l'usage de membres d'une association ou d'une communauté aussi larges soient-elles.

    Plutôt, souhaitait-il proposer un magazine ouvert sur le monde, plein de vie, gai et ambitieux, ayant vocation à rassembler des bonnes volontés éparses.
    Comment ne pas être ambitieux d'ailleurs ? Avec plus d'un million de végétariens en France, il y a de la  place pour une revue qui projette de réunir végétariens confirmés et  végétariens plus novices autour d'une idée force :  le végétarisme est, par nature, un comportement très simple et très sain, sans mystère, se présentant à nous comme un domaine aux multiples ouvertures (diététique, hygiène, refus du meurtre animal, malnutrition et faim dans le monde, effets de la filière viande sur le climat etc).

    Jean-Marc Royer a engagé ses ressources financières personnelles dans cette aventure. En octobre, autour d'une équipe exclusivement bénévole, l'heure sera venue de célébrer les deux ans d'existence de Végétariens Magazine.

    Joyeux, cet anniversaire le sera. Car c'est une gageure que de réussir à s'insérer durablement dans le paysage actuel de la presse spécialisée."

     


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  • Ce dessin a été réalisé par l'ami Philippe qui, habitant en Gironde, a beaucoup à faire avec les traditions connes et cruelles.
    http://la-mouche-ducoche.blogspot.com/


    Quel article magnifique que celui-là ! Publié dans le Figaro du 24 mars 1896, il s'intitule "L'amour des bêtes".


    Tu le trouveras in extenso sur le site de l'AVA (placé en liens amis).
    Son auteur ? Emile Zola.

    L'amour des bêtes

    Pourquoi la rencontre d'un chien perdu, dans une de nos rues tumultueuses, me donne-t-elle une secousse au coeur ?
    Pourquoi la vue de cette bête, allant et venant, flairant le monde, effarée, visiblement désespérée de ne pas retrouver son maître, me cause-t-elle une pitié si pleine d'angoisse, qu'une telle rencontre me gâte absolument une promenade ?
    Pourquoi, jusqu'au soir, jusqu'au lendemain, le souvenir de ce chien perdu me hante-t-il d'une sorte de désespérance, me revient-il sans cesse en un élancement de fraternelle compassion, dans le souci de savoir ce qu'il fait, où il est, si on l'a recueilli, s'il mange, s'il n'est pas à grelotter au coin de quelque borne ?
    Pourquoi ai-je ainsi, au fond de ma mémoire, de grandes tristesses qui s'y réveillent parfois, des chiens sans maîtres, rencontrés il y a dix ans, il y a vingt ans, et qui sont restés en moi comme la souffrance même du pauvre être qui ne peut parler et que son travail, dans nos villes, ne peut nourrir?
    Pourquoi la souffrance d'une bête me bouleverse-t-elle ainsi? Pourquoi ne puis-je supporter l'idée qu'une bête souffre, au point de me relever la nuit, l'hiver, pour m'assurer que mon chat a bien sa tasse d'eau ? Pourquoi toutes les bêtes de la création sont-elles mes petites parentes, pourquoi leur idée seule m'emplit-elle de miséricorde, de tolérance et de tendresse?
    Pourquoi les bêtes sont-elles toutes de ma famille, comme les hommes, autant que les hommes ?
    Souvent, je me suis posé la question, et je crois bien que ni la physiologie, ni la psychologie n'y ont encore répondu d'une façon satisfaisante.

    D'abord, il faudrait classifier. Nous sommes légion, nous autres qui aimons les bêtes. Mais on doit compter aussi ceux qui les exècrent et ceux qui se désintéressent. De là, trois classes : les amis des bêtes, les ennemis, les indifférents. Une enquête serait nécessaire pour établir la proportion. Puis, il resterait à expliquer pourquoi on les aime, pourquoi on les hait, pourquoi on les néglige. Peut-être arriverait-on à trouver quelque loi générale. Je suis surpris que personne encore n'ait tenté ce travail, car je m'imagine que le problème est lié à toutes sortes de questions graves, remuant en nous le fond même de notre humanité.

    [...] Qui donc l'étudiera? Qui donc dira jusqu'où vont ses racines dans notre être? Pour moi, lorsque je m'interroge, je crois bien que ma charité pour les bêtes est faite, comme je le disais, de ce qu'elles ne peuvent parler, expliquer leurs besoins, indiquer leurs maux. Une créature qui souffre et qui n'a aucun moyen de nous faire entendre comment et pourquoi elle souffre, n'est-ce pas affreux, n'est-ce pas angoissant? De là, cette continuelle veille où je suis près d'une bête, m'inquiétant de ce dont elle peut manquer, m'exagérant certainement la douleur dont elle peut être atteinte. C'est la nourrice près de l'enfant, qu'il faut qu'elle comprenne et soulage.

    Mais cette charité n'est que de la pitié, et comment expliquer l'amour ? La question reste entière, pourquoi la bête en santé, la bête qui n'a pas besoin de moi, demeure-t-elle à ce point mon amie, ma soeur, une compagne que je  recherche, que j'aime ? Pourquoi cette affection chez moi, et pourquoi chez d'autres l'indifférence et même la haine?

    [...] Nous avons eu, à Paris, de vieilles dames qui guettaient les savants vivisecteurs, et qui tombaient sur eux à coups d'ombrelles. Elles paraissaient fort ridicules. Mais s'imagine-t-on la révolte qui devait soulever ces pauvres âmes, à la pensée qu'on prenait des chiens vivants, pour les découper en petits morceaux ? Songez donc qu'elles les aiment, ces misérables chiens, et que c'est un peu comme si l'on coupait dans leur propre chair.

    [...] J'ai eu un petit chien, un griffon de la plus petite espèce, qui se nommait Fanfan. Un jour, à l'Exposition canine, au Cours-la-Reine, je l'avais vu dans une cage en compagnie d'un gros chat. Et il me regardait avec des yeux si pleins de tendresse, que j'avais dit au marchand de le sortir un peu de cette cage. Puis, par terre, il s'était mis à marcher comme un petit chien à roulettes. Alors, enthousiasmé, je l'avais acheté.

    C'était un petit chien fou. Un matin, je l'avais depuis huit jours à peine, lorsqu'il se mit à tourner sur lui-même, en rond, sans fin. Quand il tombait de fatigue, l'air ivre, il se relevait péniblement, il se remettait à tourner.
    Quand, saisi de pitié, je le prenais dans mes bras, ses pattes gardaient le piétinement de sa continuelle ronde ; et, si je le posais par terre, il recommençait, tournait encore, tournait toujours. Le vétérinaire, appelé, me parla d'une lésion au cerveau. Puis, offrit de l'empoisonner. Je refusai. Toutes les bêtes meurent chez moi de leur belle mort, et elles dorment toutes tranquilles, dans un coin du jardin.

    Fanfan parut se guérir de cette première crise. Pendant deux années, il entra dans ma vie, à un point que je ne pourrais dire. Il ne me quittait pas, se blottissait contre moi, au fond de mon fauteuil, le matin, durant mes quatre heures de travail ; et il était devenu ainsi de toutes mes angoisses et de toutes mes joies de producteur, levant son petit nez aux minutes de repos, me regardant de ses petits yeux clairs.
    Puis, il était de chacune de mes promenades, s'en allait devant moi de son allure de petit chien à roulettes qui faisait rire les passants, dormait au retour sous ma chaise, passait les nuits au pied de mon lit, sur un coussin. Un lien si fort s'était noué entre nous, que, pour la plus courte des séparations, je lui manquais autant qu'il me manquait.

    Et, brusquement, Fanfan redevint un petit chien fou. Il eut deux ou trois crises, à des intervalles éloignés. Ensuite, les crises se rapprochèrent, se confondirent, et notre vie fut affreuse. Quand sa folie circulante le prenait, il tournait, il tournait sans fin. Je ne pouvais plus le garder contre moi, dans mon fauteuil. Un démon le possédait, je l'entendais tourner, pendant des heures, autour de ma table.
    Mais c'était la nuit surtout que je souffrais de l'écouter, emporté ainsi en cette ronde involontaire, têtue et sauvage, un petit bruit de petites pattes continu sur le tapis. Que de fois je me suis levé pour le prendre dans mes bras, pour le garder ainsi une heure, deux heures, espérant que l'accès se calmerait, et, dès que je le remettais sur le tapis, il recommençait à tourner.
    On riait de moi, on me disait que j'étais fou moi-même de garder ce petit chien fou dans ma chambre. Je ne pouvais faire autrement, mon coeur se fendait à l'idée que je ne serais plus là pour le prendre, pour le calmer, et qu'il ne me regarderait plus de ses petits yeux clairs, ses yeux éperdus de douleur, qui me remerciaient.

    Ce fut ainsi, dans mes bras, qu'un matin Fanfan mourut, en me regardant. Il n'eut qu'une légère secousse, et ce fut fini, je sentis simplement son petit corps convulsé qui devenait d'une souplesse de chiffon. Des larmes me jaillirent des yeux, c'était un arrachement en moi. Une bête, rien qu'une petite bête, et souffrir ainsi de sa perte, être hanté de son souvenir à un tel point que je voulais écrire ma peine, certain de laisser des pages où l'on aurait senti mon coeur. Aujourd'hui, tout cela est loin, d'autres douleurs sont venues, je sens que les choses que j'en dis sont glacées.

    Mais, alors, il me semblait que j'avais tant à dire, que j'aurais dit des choses vraies, profondes, définitives, sur cet amour des bêtes, si obscur et si puissant, dont je vois bien qu'on sourit à mon entour, et qui m'angoisse pourtant jusqu'à troubler ma vie.

    Oui, pourquoi m'être attaché si profondément au petit chien fou ? Pourquoi avoir fraternisé avec lui comme on fraternise avec un être humain? Pourquoi l'avoir pleuré comme on pleure une créature chère ? N'est-ce donc que l'insatiable tendresse que je sens en moi pour tout ce qui vit et tout ce qui souffre, une fraternité de souffrance, une charité qui me pousse vers les plus humbles et les plus déshérités ?

    [...] Les bêtes n'ont pas encore de patrie. Il n'y a pas encore des chiens allemands, des chiens italiens et des chiens français. Il n'y a partout que des chiens qui souffrent quand on leur allonge des coups de canne. Alors, est-ce qu'on ne pourrait pas, de nation à nation, commencer par tomber d'accord sur l'amour qu'on doit aux bêtes ? De cet amour universel des bêtes, par dessus les frontières, peut-être en arriverait-on à l'universel amour des hommes. Les chiens du monde entier devenus frères, caressés en tous lieux avec la même tendresse, traités selon le même code de justice, réalisant le peuple unique des libertaires, en dehors de l'idée guerroyante et fratricide de patrie, n'est-ce pas là le rêve d'un acheminement vers la cité du bonheur futur ?
    Des chiens internationaux que tous les peuples pourraient aimer et protéger, en qui tous les peuples pourraient communier, ah! grand Dieu! le bel exemple, et comme il serait désirable que l'humanité se mît dès aujourd'hui à cette école, dans l'espoir de l'entendre se dire plus tard que de telles lois ne sont pas faites uniquement pour les chiens!

    Et cela, simplement, au nom de la souffrance, pour tuer la souffrance, l'abominable souffrance dont vit la nature et que l'humanité devrait s'efforcer de réduire le plus possible, d'une lutte continue, la seule lutte à laquelle il serait sage de s'entêter.
    Des lois qui empêcheraient les hommes d'être battus, qui leur assureraient le pain quotidien, qui les uniraient dans les vastes liens d'une société universelle de protection contre eux-mêmes, de façon que la paix régnât enfin sur la terre. Et, comme pour les pauvres bêtes errantes, se mettre d'accord, tout modestement, à l'unique fin de ne pas recevoir des coups de canne et de moins souffrir.

     


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